Une nuit, sous les astres bleus de lampes en papier qui se balançaient doucement aux brises du large, attablée en compagnie de nouveaux amis, le son d'un sitar vint se marier au parfum d'un chai brûlant. Alors quelque chose se détendit vraiment en moi, quelque chose s'ouvrit, pleura même d'une certaine façon, avec bonheur. Ce n'était ni des retrouvailles, ni une naissance, mais il y avait un peu des deux, mêlés à un profond sentiment de reconnaissance, de gratitude. La grande respiration de l'Inde me traversait.
J'ai pu écrire les premiers mots:
"c'est par la musique que l'Inde, un soir, commence de t'entrer par la peau..."
C'était à Mahabalipuram, la ville du grand Bali. Et c'était en janvier quand le festival de danse bat son plein. J'allais avoir des soirées de musique, de chant et de danse, des marées d'émotion. Une sorte d'avalanche de beauté dont on ne sait encore comment on pourra s'en accommoder. L'Inde m'avait saisie au cœur et sans doute ne le quittera-t-elle plus. Quelque chose d'elle fait maintenant définitivement partie de ma musique intérieure, de ma musique corporelle, du chant de mon sang.
C'était à Mahabalipuram, le lieu du grand Bali et le nom seul, déjà, était tout une musique. Tu prononces ce nom: c'est dit et c'est magnifique.